Semez vos poivrons (et piments) !

octobre 27, 2019 2 Par Nathanaelle Chavot

Les poivrons font parties des premières graines que vous allez pouvoir semer, avant la fin de l’hiver : entre mi janvier et mi mars.
Il en existe des centaines de variétés, aux couleurs, aux formes, et aux goûts variés.

Mieux connaître le poivron :

Le poivron est le terme utilisé pour caractériser des variétés de piments doux de l’espèce Capsicum annuum à très gros fruits. Ce nom désigne à la fois le fruit et la plante.
Les poivrons se distinguent des piments par des fruits plus gros et plus charnus, et surtout dépourvus de substance piquante (la capsaïcine).
De la famille des Solanacées, originaire d’Amérique centrale et du Sud, il n’est connu qu’à l’état cultivé et a été très probablement domestiqué au Mexique : on a retrouvé des graines vieilles de 5000 ans lors de fouilles archéologiques dans ce pays.
Il est cultivé dans le monde entier, depuis qu’il a été introduit dans l’ancien monde à la fin du XVe siècle. Il s’est répandue très facilement surtout sous la forme piquante, le piment. Il semble s’être répandu plus tard, à la fin du XVIIIe siècle en France, en Europe et au Canada.

C’est une plante annuelle, en climat tempéré car elle ne résiste pas au gel, mais pouvant vivre plusieurs années en climat tropical. Son port est dressé, presque arbustif, très ramifié. Les tiges de la base ont tendance à se lignifier. La plante atteint une cinquantaine de cm de haut.
Ses feuilles, alternes et lancéolées, se terminant en pointe, sont d’un vert brillant. Les fleurs, nombreuses et petites, sont blanches. Le fruit est une baie d’un type particulier, la pulpe est relativement mince. Extérieurement, la peau est lisse et brillante, de couleur vert brillant avant maturité, elle prend à maturité une couleur vive, en général rouge, mais aussi jaune, orangé, violet, marron, noir… Les graines sont petites, plates, réniformes, de couleur crème.

Le fruit se récolte soit vert, soit mûr et se consomme soit cru soit cuit :

• Cru, le poivron, à texture cassante est peu digeste : sa peau et ses fibres épaisses sont mal supportées par les intestins fragiles. Il faut donc, si vous le digérez moyennement bien, retirer sa peau, ses fibres blanches et toutes ses graines avant de le consommer.
• Cuit, le poivron s’accommode de diverses manières : au gril, au four, à l’étouffée, etc. Par sa forme creuse, il se prête bien à la préparation des poivrons farcis.

C’est un légume très peu calorique, 22 kilocalories aux 100 g. Il est riche en vitamines C et A.
Il est bon pour la mémoire car il contient une substance, la lutéoline, une flavone qui agit en activant des circuits neuronaux impliqués dans l’apprentissage.
Le poivron est aussi une source d’antioxydant puissant : les capsiates sont des substances chimiques dans le poivron qui peuvent provoquer la mort des cellules tumorales et ainsi permettre d’éviter le développement des tumeurs cancéreuses. Les capsiates sont très proches des capsinoïdes contenues dans le piment et elles ont le même effet.
Certaines variétés de poivrons riches en terpénoïdes sont aussi utilisés pour fabriquer des colorants.

Pour semez vos graines de piments et poivrons :

Un semis précoce…

… implique des contraintes particulières !

semis de poivrons

Originaire d’Amérique latine, le poivron est une plante frileuse exigeant beaucoup d’entretien sous nos latitudes. Il nécessite un semis en serre chauffée et se récolte environ 6 mois après le semis. Piments et poivrons sont des cultures longues qui demandent un certain temps à des températures suffisantes afin de fructifier et offrir de belles récoltes. Il est donc indispensable de semer assez tôt pour laisser le temps aux jeunes plantes de se développer et bénéficier du soleil estival au bon moment.

Le 15 mai est un repère que tout jardinier connait : au-delà il est possible de mettre en terre toutes les cultures presque sans crainte de gelées. Cette date est également valable pour les poivrons et piments, voire un peu plus tôt s’ils sont cultivés sous serre. Seulement pour que nos plants de poivrons soient prêts à cette date, il est indispensable d’anticiper !
Les poivrons et piments se sèment donc de la mi-janvier à la mi-mars, mais attention, selon vos conditions de culture, trop tôt, vos plants souffriront d’attendre dans de petits contenants, et trop tard, vous risquez de ne les voir fructifier qu’à la fin de l’été et donc trop tard pour leur maturation.

Dans les régions septentrionales, semer en terrine ou en godet sous abri chauffé ou sur couche chaude. Dans le sud méditerranéen, après les dernières gelées, il est possible de semer en ligne directement au potager.
Les plants de poivron nécessitent une chaleur importante, avec une température optimum de croissance entre 22°C et 28°C. Ils sont particulièrement vulnérables à la fraîcheur, ils supportent mal les écarts de températures importants entre le jour et la nuit. Ces besoins en chaleur et la lenteur de croissance expliquent le délai entre le semis et l’installation au potager.

Le semis de poivron est assez délicat !

Le premier point posant souci dans ce semis concerne donc la température de germination. En effet, ces petits sont frileux et ont besoin d’un minimum de 22°C pour commencer à germer. Ces températures sont impensables en extérieur en France en janvier et même en intérieur, à moins que vous ne viviez en sauna. Il est donc nécessaire de faire ses semis en intérieur, voire d’y ajouter une source de chaleur pour obtenir un bon résultat. On parvient à obtenir des germinations à des températures inférieures mais le pourcentage d’échec est nettement plus élevé.
Le second problème d’un semis précoce, c’est le manque de luminosité et donc le risque que les semis filent. Il faut alors être très attentif à cela et offrir un maximum d’ensoleillement aux jeunes plantules pour les protéger de l’étiolement.

Quelques méthodes :

J’aurais aimé vous proposer une solution ne nécessitant aucun apport d’électricité, certains semblent y arriver, cela surtout en régions favorables, mais malheureusement en climat frais et humide,sans chauffage je ne suis jamais parvenu à de bons résultats. Soit mes graines ne levaient pas aussi bien, soit les semis filaient !

Alors pour ceux que ça tente, voici comment je procède :

J’utilise des graines congelées qui ont une meilleure germination, placez-les au moins 48h avant de semer afin de lever la dormance des graines.
Je fais mon semis en godet individuel, en plaque alvéolée ou en mini-mottes selon mes envies mais toujours avec un terreau de semis bien tamisé.
Les graines sont légèrement recouvertes, 2-3 mm de terreau maximum, le tout bien humidifié au vaporisateur, avec de l’eau tiède. Vous pouvez aussi saupoudrer de charbon de bois pilé ou de cannelle moulue pour éviter le développement des champignons qui fondent les semis.
Je place ensuite l’ensemble sur mes tables de culture, avec un chauffage (cordon chauffant et thermostat) réglé sur 22°C en permanence et je les recouvre d’un voile de forçage P17 ou P30 selon la température extérieure.

Il ne reste plus qu’à attendre que ça germe. Entre une et trois semaines. Enfin, lorsque tout est bien levé, je réduis le chauffage durant les 12h de nuit et je le coupe pour les 12h de jour, ça ne descend pas en dessous de 17°C, à partir de ce moment, les plantules ont besoin de lumière.

Ensuite, je conserve une humidité légère : attention à ne pas trop arroser, il faut attendre que la surface commence à se dessécher avant de remettre de l’eau jusqu’au stade 2 à 4 vraies feuilles où il faudra envisager un rempotage dans un contenant plus grand.
la seconde option de semis, est celle d’un endroit lumineux, dans une pièce chauffée de la maison. Derrière une fenêtre orientée au sud par exemple. Mais encore une fois attention, comme pour tous les plants potagers, une fois germés, si vous les laissez derrière la fenêtre ils auront tendance à “tiger” (s’étioler) et vont s’affaiblir, donc pensez à les sortir quelques heures sous lumière directe durant la journée si les conditions le permette.
Si vous n’avez pas d’endroit adéquat pour les semis on peut aussi faire sous une mini-serre chauffée, ou sur couche chaude. Pour fabriquer une couche chaude, se procurer du fumier de cheval frais et un châssis.

Une fois que les premières vraies feuilles commencent à apparaître (pas les cotylédons) vous pouvez transférer les plants sous une serre à l’extérieur. Ils ont alors moins besoin de chaleur pour se développer et sont plus résistant.
Quand ils ont deux à trois paires de feuilles il est temps de les repiquer dans des pots individuellement.
Ils pourront ainsi être repiqués d’avril à juin selon votre région et vos conditions de culture, serre ou pleine terre ! Il faut environ deux à trois mois de croissance, du semis, pour qu’un plant soit prêt à être repiqué en place.

Bonne culture à vous !